Page:Guttinguer - Dernier Amour, 1852.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


VIII.

DÉSENCHANTEMENT.


Après ces doux transports, pourquoi cet air si sombre ?
Un bonheur aussi grand n’était-il donc qu’une ombre ?
En avez-vous sitôt perdu le souvenir ?
Est-ce infidélité, caprice ou repentir ?
Est-ce vous ? suis-je moi ? vous n’êtes plus la même !
Je ne me trompe pas, je sais que je vous aime :
Quoi ! sortant de mes bras, un regard si glacé
Répond aux mouvements de mon cœur empressé !
Vos discours sont amers, et vos yeux sans tendresse !
Que s’est-il donc passé ? qui donc à notre ivresse
A mêlé ce poison que je ne connais pas !
Mais je suis insensé ! je le sais trop, hélas !
Ce funeste secret dont se trouble mon âme,
Je l’avais oublié : Vous êtes une femme.





Elle était sans détour, la jeune et noble fille
Qui venait autrefois, si fraîche et si gentille,
Au rendez-vous donné par un amant soumis,
Qu’elle nommait souvent : le meilleur des amis,
Elle ne cachait point son humeur indécise,
Ou jalouse, et voyant sa pénible surprise,