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XII.

PAROLES DE FEMME.


« Quand je te demande, ô ma vie :
M’aimes-tu bien ? alors tu dis :
Je t’adore, ô divine amie ;
Puis en m’embrassant, tu souris.
Je ne veux pas que tu m’adores,
Moi, je te dis encore un coup :
Je veux que tu m’aimes beaucoup
— Je veux aussi que tu m’honores,
Sans cela mon cœur tourmenté
Souffre de sa félicité ;
Mon esprit, sans cesse agité,
Est plein de remords et d’alarmes,
Je passe mes nuits dans les larmes,
Redoutant ta légèreté,
Le malheur, le monde, l’absence,
Hélas ! et jusqu’à ta présence !
Car je suis coupable ; est-ce pas ?
Je fais mal, une voix plaintive,
Et qui me rend toute craintive,
Me le dit sans cesse et tout bas :
Rassure-moi par ta sagesse,
Par une prudente tendresse,
Par tes soins doux, affectueux,
Sois tendre, mais respectueux. »