Page:Guttinguer - Goffin, Baudry.djvu/5

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 Dans ces vastes tombeaux, dans ces antres affreux,
Où l’homme tout vivant est séparé des Cieux,
Dans ces mines enfin où l’humaine industrie
Cherche tous les trésors au mépris de la vie,
Goffin, (c’est mon héros) maître des ouvriers,
Dirigeoit sagement ses nombreux ateliers ;
Sévère mais humain, courageux mais sensible,
Son équité rendait le travail moins pénible,
Chacun ne redoutait, ne chérissait que lui ;
Et s’il était leur maître, il était leur appui.
Son fils, son jeune fils, émule de son père,
Encor enfant, montrait un noble caractère,
Ses travaux nourrissaient et sa mère et ses sœurs,
Et cette douce idée en voilait les rigueurs !

 Un jour que des mineurs il partageoit les peines
Et sondait du rocher les routes souterraines,
Un ouvrier accourt, pâle, égaré, tremblant !…
Pour nous sauver, dit-il, nous n’avons qu’un moment,
L’onde au-dessus de nous entr’ouvrant un passage,
Porte déjà partout la mort et le ravage,
Encor quelques instants ! Nous sommes engloutis ?
À ces mots Goffin vole, il entraîne son fils,
Le met dans le pannier qui du sein de la terre