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Page:Guttinguer - Les Funérailles de Charles Nodier, 1844.djvu/7

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Un cœur jeune et naïf sous sa tête blanchie
L’esprit toujours en fleur est mort dans son printemps :
Et chacun bourdonnant autour de sa mémoire,
Ensemble on recueillait le tendre souvenir,
Ses droits à l’amitié, ses titres à la gloire,
Et puis on n’entendait que prier et bénir.
Autour de ce cercueil tout prêt à disparaître,
Se pressaient, frémissants, tous ceux que tu vis naître
Et dont les premiers pas, glissant dans le chemin,
Demandaient de Nodier la bienveillante main.
Venez ! leur disais-tu, venez, bonne jeunesse,
Nous voguerons ensemble aux rives du Permesse.
Tu soutenais le faible, et modérais le fort ;
Plus d’un qui se noyait, par toi gagna le bord :
C’était ce souvenir de sincère indulgence,
Si rare en tous les temps chez l’irritable engeance,
Qui, parmi tant de dons que t’avait faits le sort,
Remuait la pensée à l’heure de ta mort.
Et le chœur répétait : « Il avait de la vie
» Le seul bien véritable : un cœur exempt d’envie.
» Mineur ardent de tout poétique trésor,
» Comme il battit des mains aux beaux vers de Victor !
» Comme il a pressenti, poésie inconnue,
» À tes naissants parfums, ta céleste venue !