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CONTE DE NOËL


Le docteur Bonenfant cherchait dans sa mémoire, répétant à mi-voix : « Un souvenir de Noël ?… Un souvenir de Noël ?… »

Et tout à coup, il s’écria :

— Mais si, j’en ai un, et un bien étrange encore ; c’est une histoire fantastique. J’ai vu un miracle ! Oui, Mesdames, un miracle, la nuit de Noël.

Cela vous étonne de m’entendre parler ainsi, moi qui ne crois guère à rien. Et pourtant, j’ai vu un miracle ! Je l’ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu, ce qui s’appelle vu.

En ai-je été fort surpris ? non pas ; car si je ne crois point à vos croyances, je crois à la foi, et je sais qu’elle transporte les montagnes. Je pourrais citer bien des exemples ; mais je vous indignerais et je m’exposerais aussi à amoindrir l’effet de mon histoire.

Je vous avouerai d’abord que si je n’ai pas été convaincu et converti par ce que j’ai vu, j’ai été du moins fort ému, et je vais tâcher de vous dire la chose naïvement, comme si j’avais une crédulité d’Auvergnat.