Page:Guy de Maupassant - Notre Cœur.djvu/262

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Alors il marcha plus vite pour secouer son cœur et sa pensée.

Quand il entra dans l’hôtel de Marlotte, la petite bonne le reconnut aussitôt, et presque familière, lui dit :

— Bonjour, monsieur.

— Bonjour, mademoiselle.

— Vous voulez boire quelque chose ?

— Oui, pour commencer ; puis je dînerai ici.

Ils discutèrent sur ce qu’il boirait d’abord, sur ce qu’il mangerait ensuite. Il la consultait pour la faire parler, car elle s’exprimait bien, avec l’accent bref de Paris et une aisance d’élocution aussi facile que son aisance de mouvement.

Il pensait en l’écoutant : « Elle est fort agréable, cette fillette ; ça m’a l’air de graine de cocotte. »

Il lui demanda :

— Vous êtes Parisienne ?

— Oui, monsieur.

— Il y a longtemps que vous êtes ici ?

— Quinze jours, monsieur.

— Vous vous y plaisez ?

— Pas jusqu’à présent, mais c’est trop tôt pour savoir ; et puis j’étais fatiguée de l’air de Paris, et la campagne m’a rétablie ; c’est ça surtout qui m’a décidée à venir. Alors je vous apporte un vermout, monsieur ?

— Oui, mademoiselle, et vous direz au chef ou à la cuisinière de bien soigner mon dîner.