Page:Guy de Maupassant - Notre Cœur.djvu/295

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ce petit jardin paysan quelque chose d’anormal, d’imprévu, d’exotique, la sensation bizarre et savoureuse d’une figure de conte, de rêve, de gravure, de tableau à la Watteau, sortie de l’imagination d’un poète ou d’un peintre pour s’en venir à la campagne, par fantaisie, montrer combien elle était belle.

Mariolle, en la regardant avec le frémissement profond de toute sa passion revenue, se rappelait les deux femmes aperçues dans le chemin de Montigny.

Elle lui dit :

— Qu’est-ce que c’est que cette petite personne qui m’a ouvert la porte ?

— Ma domestique.

— Elle n’a pas l’air… d’une bonne.

— Non. Elle est en effet très gentille.

— Où l’avez-vous trouvée ?

— Tout près d’ici, dans un hôtel de peintre où les clients menaçaient sa vertu.

— Que vous avez sauvée ?

Il rougit, et répondit :

— Que j’ai sauvée.

— À votre profit, peut-être ?

— À mon profit certainement, car j’aime mieux regarder circulant autour de moi une jolie figure qu’une laide.

— C’est tout ce qu’elle vous inspire ?

— Elle m’a inspiré peut-être encore l’irrésistible besoin de vous revoir, car toute femme, quand elle