naires, les prêcheurs de toute sorte, que nous soyons nos propres guides et que nous cherchions en nous-mêmes la « révélation ». Il n’y a plus de Christ : que chacun de nous soit son Christ à lui-même, se relie à Dieu comme il voudra et comme il pourra, ou même renie Dieu ; que chacun conçoive l’univers sur le type qui lui semblera le plus probable, monarchie, oligarchie, république ou chaos ; toutes ces hypothèses peuvent se soutenir, elles doivent donc être soutenues. Il n’est pas absolument impossible que l’une d’elles réunisse un jour de son côté les plus grandes probabilités et emporte avec elle la balance dans les esprits humains les plus cultivés ; il n’est pas impossible que cette doctrine privilégiée soit une doctrine de négation ; mais il ne faut point empiéter sur un avenir aussi problématique et croire qu’en ditruisantla religion révélée ou le devoir catégorique on jettera brusquement l’humanité dans l’athéisme et le scepticisme moral. Dans l’ordre intellectuel, il ne peut pas y avoir de révolution violente et subite, mais seulement une évolution s’accentuant avec les années : c’est même cette lenteur des esprits à parcourir d’un bout à l’autre la chaîne des raisonnements qui, dans l’ordre social, fait échouer les révolutions trop brusques. Aussi, — quand il s’agit de spéculation pure, — les hommes les moins à craindre et les plus utiles sont-ils les plus révolutionnaires, ceux dont la pensée est la plus audacieuse ; on doit les admirer sans les redouter : ils peuvent si peu ! La tempête qu’ils soulèvent dans un petit coin de l’Océan produira à peine sur la masse immense une imperceptible ondulation. D’autre part, — dans la pratique, — les révolutionnaires se trompent toujours, parce qu’ils croient toujours la vérité trop simple, ont trop confiance en eux-mêmes et s’imaginent qu’ils ont trouvé et déterminé le terme du progrès humain ; tandis
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LE RISQUE MÉTAPHYSIQUE DANS LA SPÉCULATION.