exemple). Quant à la volonté même, elle devrait précisément être sacrée pour ceux qui la regardent comme libre, tout au moins comme spontanée : ils ne peuvent sans contradiction et sans injustice essayer de porter la main sur elle.
Ainsi le sentiment qui nous pousse à désirer une sanction
est en partie immoral. Comme beaucoup d’autres
sentiments, il a un principe très légitime et des applications
mauvaises. Entre l’instinct humain et la théorie scientifique
de la morale existe donc une certaine opposition. Nous
allons montrer que cette opposition est provisoire et que
l’instinct finira par être conforme à la vérité scientifique.
Pour cela nous essayerons d’analyser plus à fond que nous
ne l’avons fait encore le besoin psychologique d’une
sanction chez l’être en société, nous en esquisserons la genèse,
et nous verrons comment, produit d’abord par un instinct
naturel et légitime, il tend à se restreindre, à se limiter de
plus en plus avec la marche de l’évolution humaine.
S’il est une loi générale de la vie, c’est la suivante : Tout animal (nous pourrions étendre la loi même aux végétaux), répond à une attaque par une défense qui est elle-même le plus souvent une attaque en réponse, une sorte de choc en retour : c’est là un instinct primitif, qui a sa source dans le mouvement réflexe, dans l’irritabilité des tissus vivants, et sans lequel la vie serait impossible : les animaux privés de leur cerveau ne cherchent-ils pas encore à mordre qui les pince ? Les êtres chez lesquels cet instinct était plus développé et plus sûr ont survécu plus aisément, comme les rosiers munis d’épines. Chez les animaux supérieurs tels que l’homme, cet instinct se diversifie, mais il existe toujours ; en nous se trouve un ressort prêt à se détendre contre qui le touche, semblable à ces plantes qui lancent