CHAPITRE TROISIÈME
I. L’inconnaissable. — II. Dieu. — III. Finalité et évolution dans la nature. La destinée et l’immortalité. — IV. Religions et religion. — V. Idées morales et sociales. — Rôle social de la grande poésie.
Hugo a-t-il « une philosophie ? » Ce serait assurément beaucoup dire ; mais on peut soutenir qu’il est possible de trouver chez lui une grande richesse d’aperçus philosophiques, moraux, sociaux, et même de formules philosophiques dont il n’a pas toujours lui-même sondé la profondeur. Toutes ses idées gravitent et se rangent spontanément autour d’un certain nombre de centres plus ou moins obscurs. On peut dégager ces centres d’attraction, introduire par là plus de clarté dans ce qui a été conçu suivant la méthode instinctive et confuse du génie. Si nous parvenons à montrer qu’il y a encore beaucoup d’idées chez le poète qui passe aujourd’hui pour n’avoir eu « aucune idée », il s’ensuivra que les idées, surtout avec les progrès de la société moderne, contribuent plus qu’on ne croit à la grande poésie, même à celle qui semble toute d’imagination aux esprits superficiels ; il s’ensuivra enfin que l’introduction des doctrines philosophiques, morales et sociales, dans le domaine de la poésie, est bien un des traits caractéristiques de notre siècle. Avec Hugo, la poésie devient vraiment sociale en ce qu’elle résume et reflète les pensées et sentiments d’une société tout entière, et sur toutes choses. De ce qu’on pourrait ainsi extraire de V. Hugo, une certaine doc-