Que faut-il donc faire, devant cet iiiconnaissablt ; qui est précisément le réel ? Faut-il essayer de se le représenter ? Non,
Renonce à fatiguer le réel de tes songes[1].
Devant l’ineffable, la pensée comme la parole restera toujours
impuissante. Les voix de la nature « ne sont qu’un
bégaiement immense, »
L’homme seul peut parler, et l’homme ignore, hélas !
Pourtant, nous sommes tous « agents dans cette œuvre immense » ; mais nous ne pouvons être témoins de l’œuvre même, du fait universel auquel nous contribuons :
L’immensité du fait prodigieux dépasse
L’ombre, le jour, les yeux, les chocs, le temps, l’espace ;
Elle est telle, et le point de départ est si loin.
Que, tous étant agents, personne n’est témoin[2].
Qu’est-ce donc alors que la vie ? — « Un inexprimable effort dans l’inconnu[3] ».
D’où viens-tu ? Je ne sais. — Où vas-tu ? Je l’ignore. —
L’homme ainsi parle à l’homme et l’onde au flot sonore.
Tout va, tout vient, tout meurt, tout fuit.
Nous voyons fuir la flèche et l’ombre est sur la cible ;
L’homme est lancé. Par qui ? vers qui ? — Dans l’invisible.
Les Travailleurs de la mer nous représentent, avec Gilliatt en face de l’Océan, notre pensée en face de l’agitation universelle. Gilliatt avait autour de lui, à perte de vue, « l’immense songe du travail perdu. » Voir « manœuvrer dans l’insondable et dans l’illimité la diffusion des forces, » rien n’est plus troublant. On cherche des buts, et on n’en trouve point. L’espace toujours en mouvement, l’eau infatigable, les nuages « qu’on dirait affairés », le « vaste effort obscur », toute cette convulsion est un problème. « Qu’est-ce que ce tremblement perpétuel fait ? que construisent ces rafales ? que bâtissent ces secousses ? Ces chocs, ces sanglots, ces hurlements, qu’est-ce qu’ils créent ? À quoi est occupé ce tumulte ? Le flux et le reflux de ces questions est éternel comme la