J’ai des ailes, j’aspire au faîte.
Mon vol est sûr ;
J’ai des ailes pour la tempête
Et pour l’azur ;
Je gravis les marches sans nombre,
Je veux savoir ;
Quand la science serait sombre
Comme le soir !
La pure science en effet, alors qu’elle paraissait éclairer les choses, n’a fait que les assombrir pour les yeux de l’âme ; et cependant elle est le premier et nécessaire degré de toute ascension vers l’infini :
Vous savez bien que l’âme affronte
Ce noir degré.
Et que, si haut qu’il faut qu’on monte,
Je monterai.
Vous savez bien que l’âme est forte
Et ne craint rien
Quand le souille de Dieu l’emporte !
Vous savez bien
Que j’irai jusqu’aux bleus pilastres ;
Et que mon pas,
Sur l’échelle qui monte aux astres,
Ne tremble pas !
On se sent entraîné comme malgré soi dans les espaces par l’oiseau d’Amos et de saint Marc. C’est à la fois l’emportement et la sûreté du vol. La forme même de la strophe exprime les deux choses : quand un premier vers vous a soulevé comme dans un enlèvement aérien, le second, plus court, vous donne le sentiment d’un but touché. Puis le vol reprend, reprend sans cesse, et il semble qu’il ne s’arrêtera jamais : chaque vers a la rapidité d’un coup d’aile, l’éblouissement d’une vision.
Les préjugés et la réaction contre Hugo sont aujourd’hui une mode si tyrannique pour les littérateurs, que des esprits à portée philosophique et au courant des systèmes, comme MM. Brunetière et Scherer, ou M. Faguet, ou M. Hennequin, prévenus contre le poète, persuadés d’avance qu’il doit divaguer dès qu’il ouvre la bouche, ne veulent plus même essayer de comprendre ce qu’il dit de