des Stendhal et des Balzac, pour saisir la finesse ou la profondeur de certaines observations psychologiques répandues en masse dans l’œuvre de V. Hugo et telles que celle-ci : « Comme le souvenir est voisin du remords [1] ! »
Jusque dans celles de leurs œuvres oii ils paraissent le plus abstraits d’eux-mêmes, les aut(>urs restent tout enveloppés de leur personnalité, dont la force a précisément l’ait leur génie. Cette personnalité peut ne s’affirmer nulle part, elle s’échappe de partout ; subtile comme une atmosphère, elle se dégage des moindres pensées, de l’arrangement et du choix même des mots. De là, chez le lecteur, ces antipathies ou ces sympathies qui ne se formulent pas toujours, mais qui n’en sont pour cela que plus fortes ; de là, parfois, ce mauvais vouloir apparent de toute une génération pour un poète, quelque grand qu’il soit d’ailleurs, au moment où il cesse de représenter exactement l’état intellectuel et moral d’une époque. Nous sommes trop près des romantiques pour ne pas nous répandre en protestations contre leurs défauts, d’autant plus grands à nos yeux que nous craignons presque d’y tomber encore ; notre esprit est en réaction trop directe avec le leur pour que nous puissions clairement démêler le vrai du factice dans l’art romantique, pas plus d’ailleurs que nous ne saurions apprécier dans une exacte mesure les exagérations de l’art contemporain. Ce qu’on pourrait appeler le dogmatisme optimiste de Victor Hugo est en opposition trop marquée avec le dogmatisme pessimiste de nos poètes pour qu’une conciliation puisse s’opérer dans la plupart des esprits : on ne veut ni comprendre, ni jeter de pont entre l’une
- ↑ S’il a fait abus du « démesuré », il a connu aussi la délicatesse des pensées : « La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste. » (Les Travailleurs de la mer.) « La joie que nous inspirons a cela de charmant que, loin de s’affaiblir comme tout reflet, elle nous revient plus rayonnante. » (Les Misérables.) « Un prêtre opulent est un contresens... Peut-on toucher nuit et jour à toutes les détresses, à toutes les indigences sans avoir soi-même sur soi un peu de cette sainte misère, comme la poussière du travail ? » (Les Misérables.) « Il y a quelque chose qui nous ressemble plus que nuire visage ; c’est notre physionomie ; et il y a quelque chose qui nous ressemble plus que notre physionomie, c’est notre sourire. » (Les Travailleurs de la mer.) » Nutre prunelle dit quelle quantité d’homme il y a en nous. Nous nous affirmons par la lumière qui est sous notre sourcil… Si rien ne brille sous la paupière, c’est que rien ne pense dans le cerveau, c’est que rien n’aime dans le cœur. » Sur le démesuré même, il a des explications qui ont leur valeur philosophique : « L’immense diffère du grand en ce qu’il exclut, si bon lui semble, la dimension. en ce qu’il passe la mesure, comme on dit vulgairement, et en ce qu’il peut, sans perdre la beauté, perdre la proportion… Quels personnages prend Eschyle ? les volcans… Il est rude, abrupt, excessif. »