par l’idée du meurtre ou du vol, ils en composent d’avance dans leur esprit les diverses péripéties, et tout cela devient ensuite pour eux une sorte d’épopée vécue dont ils s’efforcent d’éterniser le souvenir. Le voleur d’un coffre-fort, Clément, avant versifié le récit de son vol, ses couplets furent chantés dans les cabarets, attirèrent l’attention de la police, et le voleur poète fut arrêté. Il n’en acheva pas moins son récit, où, par moment, l’ingéniosité de l’expression fait songer à Richepin, qui a fait des pastiches connus de ce genre de littérature. C’est d’abord le récit du projet conçu par les voleurs :
Quand on est pègre[1], on peut passer partout.
Puis vient l’accomplissement du vol. Déjà les voleurs songent à l’emploi de l’argent.
Quand on est pègre, on peut se payer tout.
On jette le coffre-fort, témoin du délit, dans la Bièvre, mais là il est retrouvé.
Adieu tous les beaux rêves :
Quand on est pègre, on doit penser a tout.
La pohce intervient :
Quand on est pègre, il faut s’attendre à tout.
Une lutte s’ensuit, les voleurs sont vaincus :
Ah !mes amis, à vous gloire éternelle.
Quand on est pègre, le devoir avant tout.
Ils s’en iront à la Nouvelle-Calédonie, mais ils ont l’espoir de s’échapper et de revenir ; alors
......mort à toute la police,
On les pendra, et ce sera justice.
Car, pour les pègres, la vengeance avant tout[2].