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INTRODUCTION

recherches de genèse, quand elles concernent les notions qu’ils prétendent a priori en tant que lois nécessaires de la représentation même. Nous croyons avec Guyau, contrairement à l’opinion de Kant et même de Spencer, que le temps n’est pas une « forme nécessaire de toute représentation », ni a priori, ni a posteriori. En effet, on peut très bien concevoir qu’un animal eût des représentations sans aucune représentation du temps. Il pourrait avoir des affections de plaisir et de douleur uniquement présentes, il pourrait avoir des perceptions spatiales uniquement présentes ; il pourrait se figurer tout sous forme d’étendue tangible ou visible sans mémoire proprement dite, en vivant dans un présent continuel sans passé et sans avenir. Que cet animal se heurte à un objet et se blesse, la vue de l’objet, en reparaissant, ressuscitera l’image de la douleur, et l’animal fuira sans avoir besoin de concevoir une douleur comme future, ni l’image actuelle de la douleur comme en succession par rapport à une douleur passée. Non seulement on pourrait supprimer chez l’animal toute représentation même confuse de succession, pour le réduire à des coexistences d’images spatiales (non jugées d’ailleurs coexistantes) ; mais