Page:Guyau - La Genèse de l’idée de temps.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxxiv
INTRODUCTION

constitue la vie, apparaît comme durée.

On verra de quelle manière ingénieuse et profonde Guyau s’est efforcé de reconstruire la représentation du temps. Ce qui reste d’irréductible dans son analyse du sentiment de la durée n’est nullement la preuve d’une intuition transcendante : irréductibilité n’est point, comme on le prétend, apriorité[1]. Ceux qui le croient commettent l’ignoratio elenchi. Nos sensations, comme telles, sont irréductibles ; le plaisir et la douleur sont irréductibles ; dans tous les états de conscience il y a un caractère d’intensité qui est irréductible ; faut-il en conclure que tout cela soit a priori ? C’est au contraire la preuve qu’il y a là des choses de pure expérience, des choses qu’il faut avoir éprouver pour les connaître. De même pour le temps : l’être qui n’aurait ni sensations successives, ni appétitions successives, ni réflexion sur ces sensations et sur leur mode d’arrangement sériel, cet être-là n’aurait aucune expérience de la durée et il n’est point d’intuition pure qui pût y suppléer. L’irréductibilité est précisément le caractère de tout ce qui est objet d’expérience immédiate et radicale.

  1. Voir, outre M. Renouvier, la Psychologie de M. Rabier.