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GENÈSE DE L’IDÉE DE TEMPS

tels ou tels aspects sous lesquels se présente à nous la durée, comme le futur et le futur passé, le parfait, l’imparfait et le plus-que-parfait, pénètrent peu à peu dans l’esprit des enfants ; encore n’est-ce pas sans difficulté qu’on les leur fait comprendre. Enfin on leur donne mille manières de distinguer les divers moments du temps : cours du soleil, horloges sonnantes, minutes, heures, jours. Toutes ces images sensibles entrent peu à peu dans la tête de l’enfant et l’aident à organiser la masse confuse de ses souvenirs. Mais l’animal, l’enfant qui ne sait pas parler éprouvent sans doute des difficultés bien grandes pour se représenter le temps. Pour eux il est probable que tout est presque sur le même plan. Toutes les langues primitives expriment par des verbes l’idée d’action, mais toutes ne distinguent pas bien les divers temps. Le verbe, en sa forme primitive, peut servir également à désigner le passé, le présent ou le futur. La philologie indique donc une évolution de l’idée de temps.

Il en est de même de la psychologie comparée. L’animal, l’enfant même ont-ils vraiment un passé, c’est-à-dire un ensemble de souvenirs mis en ordre, organisés de façon à produire la perspective des jours