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GENÈSE DE L’IDÉE DE TEMPS

Les observateurs reconnaissent que ce qui se développe avant tout chez les animaux, c’est la perception de l’espace. Le degré de cette perception est en rapport avec les mouvements que l’animal doit exécuter pour satisfaire ses appétits, et il est probable que ce sont ces mouvements mêmes, accomplis en tous les sens, qui fournissent la représentation de l’espace. Au contraire, les observateurs confirment le fait que les animaux, même les plus voisins de l’homme, ont une perception très confuse des relations de temps et de tout ce qui s’y rapporte. Les animaux n’ont en effet besoin que des sens et de l’imagination spontanée pour se diriger dans l’espace, aller et venir, boire, manger, etc. La mémoire des animaux est toute spatiale : ce sont des images visuelles, tactiles, olfactives, etc., qui se réveillent et s’associent automatiquement ; il y a bien classification des objets dans l’espace, mais rien n’indique une vraie classification dans le temps, puisque l’animal agit avec le passé comme présent. L’instinct même, qui semble tourné vers l’avenir, est un ensemble d’appétitions devenues automatiques, où le temps agit sous forme d’espace sans que l’animal dégage bien le futur du présent. En un mot l’animal est tout aux images. L’adaptation