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FORME PASSIVE DU TEMPS

de séquence, à laquelle Spencer ramène le temps, est dérivée. Primitivement, tout coexiste, et les sensations tactiles ou visuelles tendent à prendre spontanément la forme vague de l’espace, sans distinction de plans, sans dimensions précises. Quand nous disons que tout coexiste, nous empruntons encore au langage du temps un terme trop clair, exprimant une relation consciente et réfléchie de simultanéité : à l’origine, on n’a pas plus la notion de coexistence que celle de succession, on a une image confuse et diffuse de choses multiples, répandues autour de nous, et le terme même d’étendue est trop net pour exprimer ce chaos. Seul le mouvement y introduira plus tard des divisions, des distinctions, par l’effort qu’il suppose ; c’est le mouvement volontaire qui créera pour notre esprit la troisième dimension de l’espace, et sans lui tout resterait sur le même plan. Bien plus, la notion même de plan et de surface ne naîtra que si la surface est parcourue par un mouvement de la main et des yeux. Nous verrons tout à l’heure qu’il en est de même pour le temps.

Outre les trois premiers éléments de l’idée de temps : différences, ressemblances et nombre, la conscience nous met bientôt en possession