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Page:Guyau - Les Problèmes de l’esthétique contemporaine.djvu/89

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CHAPITRE VII
THÉORIE GÉNÉRALE DU BEAU. — L’ÉMOTION ARTISTIQUE ET LA COULEUR DANS LES ARTS

Le résultat auquel nous arrivons, c’est que le beau est renfermé en germe dans l’agréable, comme d’ailleurs le bien même. L’agréable se ramenant à la conscience de la vie non entravée, c’est là aussi qu’on peut trouver le vrai principe du beau. Vivre d’une vie pleine et forte est déjà esthétique ; vivre d’une vie intellectuelle et morale, telle est la beauté portée à son maximum et telle est aussi la jouissance suprême. L’agréable est comme un noyau lumineux dont la beauté est l’auréole rayonnante ; mais toute source de lumière tend à rayonner et tout plaisir tend à devenir esthétique. Celui qui ne reste qu’agréable avorte pour ainsi dire ; la beauté au contraire est une sorte de fécondité intérieure.

Si ces considérations sont vraies, nous pourrons établir les lois suivantes : 1o quand une sensation vivement agréable n’est pas esthétique, c’est que l’intensiié locale de cette sensation est de nature à en entraver l’extension, la diffusion dans le système cérébral, d’où il suit que la