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Page:Guyon - Histoire d’un annexé (souvenirs de 1870-1871).djvu/43

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Pendant le court chemin que nous avions fait, j’avais mis mon hôte au courant de mes affaires.

« Je n’ai pas besoin de savoir qui vous êtes, m’avait-il répondu ; vous êtes Français, je le vois bien, vous êtes de l’âge de mon fils unique qui est soldat à Metz, cela me suffit. Je pense qu’un autre ferait pour lui ce que je fais pour vous. »

La femme de ce brave homme me reçut comme son enfant, et elle se mit à pleurer quand je lui dis que je voulais aller rejoindre l’armée française.

On me servit une bonne soupe au lard et je bus avec eux à la santé de leur fils et à la fortune de la France !

J’ai encore le cœur plein de reconnaissance, quand je pense à l’hospitalité de ces bons paysans[1].

J’appris que j’étais à Frontigny, près du chemin de fer de Metz à Forbach, à 10 kilomètres de Metz.

« Il n’est pas impossible d’entrer à Metz, me dit mon hôte, car, il y a deux jours, j’ai pu encore aller voir mon fils, et des marchandes du pays y vont le matin porter du laitage. Mais en sortir est moins aisé et je crains bien que, depuis hier, les communications ne soient plus difficiles, car il est arrivé de nombreuses troupes allemandes. Enfin tentez toujours l’épreuve, avec votre sauf-conduit, peut-être aurez-vous quelque chance. »


VIII

Après avoir remercié ces bonnes gens, je suivis un sentier en bas de la ligne ferrée, dans la direction de Metz. Je marchais depuis une demi-heure, lorsque je me trouvai devant une barrière, à la jonction de la route et du chemin de fer.

  1. Oh ! Si jamais ces lignes tombent sous leurs yeux, elles apprendront à ces dignes Français que je n’ai pas oublié leur bienveillant accueil.