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II
PRÉFACE.

Le produit brut de la vigne constitue le quart du produit total agricole (abstraction faite du bétail), réalisé sur la seizième partie du sol cultivable : ce produit est donc mathématiquement quatre fois plus grand, à surface égale, que celui de toutes les autres cultures prises ensemble.

Partout où la vigne mûrit bien ses fruits, elle double le revenu des propriétés, grandes ou petites, dans lesquelles sa culture entre pour un cinquième de la superficie, si elle y est dirigée avec intelligence et si elle reçoit la part de soins et d’engrais proportionnés à ceux donnés aux autres cultures.

La culture de la vigne est des plus faciles, des plus simples et des plus lucratives. Elle peut donner des produits rémunérateurs dès la troisième année de sa plantation. La vigne s’accommode de toutes les formations géologiques ; elle prospère dans les terrains les plus arides et les moins propices aux céréales, aux racines et aux fourrages : elle est donc, par ce fait, le complément de toute bonne agriculture, tandis qu’elle en est le commanditaire, par l’argent qu’elle produit ; la force et la ressource, par les bras et les bouches qu’elle entretient.

Le vin est la boisson alimentaire la plus précieuse et la plus énergique ; son usage habituel, aux repas de la famille, épargne un tiers du pain et de la viande ; et, de plus que le pain et la viande, le vin stimule la force du corps, échauffe le cœur, développe l’esprit de sociabilité ; il donne l’activité, la décision, le courage et le contentement dans le travail et dans toute action.