Page:Guyot - Étude des vignobles de France, tome 3, régions du centre-nord du nord et du nord-ouest, 1868.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
207
DÉPARTEMENT DU LOIRET.

dans les vignes que dans les céréales, les racines, et certainement dans le bétail, proportionnellement plus nombreux dans la petite propriété que dans la grande ; ils ne seraient plus maîtres du marché : ils doivent donc préférer remplacer les bras des familles par des machines et renvoyer les bouches aux villes, pour en être ainsi les fournisseurs, comme sont les fournisseurs d’armées. Les bouches sont des bouches, disent-ils ; qu’elles soient aux villes ou à la campagne, si leurs bras ne produisent pas ce qui est nécessaire, il faudra bien qu’elles l’achètent, et à un prix d’autant plus élevé que les propriétaires spéculateurs, moins nombreux, tiendront plus exclusivement la campagne.

C’est ainsi que la viande de boucherie est passée d’un prix simple à un prix double en moins de vingt ans : sans doute l’extension de la consommation est entrée pour beaucoup dans cet accroissement, mais c’est qu’en effet la consommation des centres industriels et des villes agit non-seulement par le nombre des colons expulsés, mais encore par la contagion du luxe. Rien n’est sobre comme l’habitant des campagnes, ouvrier des champs : sa grande nourriture est la pureté de l’air ; ses moyens digestifs, des aliments les plus communs, sont dans les exercices et les efforts musculaires prodigieux qu’il accomplit dans cet air vivifiant ; ses plaisirs et ses peines sont dans la prospérité ou dans la défaillance de ce qu’il cultive ou de ce qu’il élève ; ses fêtes sont dans un jour de repos sur sept, dans quelque repas un peu meilleur, égayé d’un appétit proportionné à son travail et à ses privations. Le paysan devenu citadin consomme quatre fois plus et ne produit plus d’aliments.

Mais si quelques grands propriétaires actifs et influents, pachas nés des concours, dresseurs de bêtes à primes, à