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DÉPARTEMENT DU LOIRET.

les terres des domaines qui l’avoisinent et en fait sortir une richesse inconnue et inaccessible au grand propriétaire qui les détenait avant lui.

Eh bien oui ! ce dépècement, cet émiettement des grands domaines est une richesse et une force publique ; mais c’est aussi une défaillance sociale : le paysan, tout à la gymnastique, à l’action et à leurs effets, est rude, dur, peu sensible aux misères d’autrui ; le niveau de ses idées et de ses sentiments ne s’élève pas aussi haut que celui dont l’esprit est au-dessus du besoin ; malheureusement le riche, dans l’état actuel des théories agricoles, ne fait ses affaires que quand il devient dur et âpre comme le paysan ! Où se réfugiera donc l’amour et le culte de l’humanité ? Ce serait un malheur irréparable qu’une transaction ne s’établit pas, par l’association et la participation du travail aux fruits de la terre, entre la grande propriété et le père de famille ouvrier rural.

Mais, dans ce même département du Loiret, quelques hommes d’élite ont déjà bien compris la gravité de la question. Je pourrais citer deux frères dont le père a établi, en les intéressant, quarante familles dans quarante maisons sur ses domaines, et qui songent non-seulement à conserver, mais à étendre l’œuvre de leur père ; deux autres frères qui ont déjà bâti plusieurs maisons et installé plusieurs familles sur leurs terres et qui vont en installer d’autres ; et j’ai lieu de croire qu’avant peu d’années tous les grands propriétaires se feront gloire de grouper de nombreuses familles autour d’eux et d’être leurs patriarches.

J’ai dit, en plusieurs endroits, que je souhaitais de voir se rétablir le patriarcat rural ; quelques personnes ont cru et d’autres pourraient croire que j’entendais par là le réta-