Page:Guyot - La Tyrannie Socialiste.djvu/125

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probable que la plupart des travailleurs, loin de perdre une journée pour réclamer ce beau cadeau, l’auraient repoussé avec horreur.

Mais d’une habileté psychologique que je me plais à reconnaître, ces bons apôtres ont demandé à chaque travailleur : — Veux-tu ne travailler que huit heures au lieu de dix ou douze ? — Et je gagnerai autant ? — Plus ! — Beaucoup de travailleurs ont de la méfiance ; mais la méfiance finit par se traduire facilement en foi quand cette foi flatte nos désirs, nos passions et nos illusions.

L’homme cherche « le moindre effort » comme les objets « la moindre résistance ». Les socialistes donnent l’illusion que la loi peut le lui assurer par la limitation des heures du travail. Il est disposé à les croire et, s’il ne réfléchit pas un peu, il les croit et les salue comme des messies.

Dans l’enquête faite par la commission du travail en 1890, voici comment se répartissaient les réponses : sur 64 chambres de commerce, 54 contre toute réglementation ; sur 32 chambres consultatives des arts et manufactures, contre 25 ; sur 55 conseils de prudhommes, contre 55 ; sur 235 syndicats patronaux, contre 201 ; sur 410 syndicats ouvriers, 186 demandent la journée de huit heures sans heures supplémentaires ; 48 la journée de huit heures avec heures supplémentaires ; 2 une journée de moins de 8 heures sans heures supplémentaires ; 38 seulement repoussent ce cadeau.

Sans nous demander ce que valent et ce que représentent, et comme chiffres d’adhérents, et au point de vue légal, les syndicats ouvriers qui ont répondu, nous constatons qu’ils ont été séduits par la formule