Page:Guyot - La Tyrannie Socialiste.djvu/155

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les Chinois et de l’Australie qui a limité le nombre de leur importation.

Mais en l’invoquant, prouveraient-ils que c’est un acte logique et moral, de la part des Européens, d’être allés ouvrir la porte de la Chine à coups de canon, avec cette restriction mentale que cette porte ne servirait qu’à entrer et jamais à sortir ?

Les États-Unis défendent leurs frontières contre l’émigration comme ils les défendent contre l’importation des produits européens : refus de recevoir des indigents, incapables de travail ; refus de recevoir des ouvriers embauchés à l’étranger, par protection pour le travail national, afin qu’ils ne viennent pas plus faire concurrence aux grèves organisées que les marchandises ne puissent faire concurrence aux trusts (accaparements) convenus sous le bénéfice de la protection douanière. Au mois de décembre 1892, trente ouvriers souffleurs de verre amenés de Belgique, pour remplacer les grévistes, par le steamer Friedland ont été mis en quarantaine et renvoyés : et la compagnie Pittsburg, qui les avait fait venir, est susceptible d’une amende de 25.000 francs par tête.

Que prouvent ces mesures ? Que les citoyens actuels des États-Unis oublient qu’ils sont descendants d’émigrés et beaucoup émigrés d’hier ; que ce sont leurs qualités d’initiative, de force et d’énergie qu’ils y ont portées, qui ont fait la grandeur de leur pays. Ils ont peur de ce qui fait la puissance de leurs ancêtres et la leur. Ils veulent se protéger, c’est-à-dire s’atrophier. Ils sont aussi imprévoyants qu’injustes en tentant de se défendre contre l’émigration européenne et l’émigration chinoise.