n’était pas plus avancée en évolution que l’Allemagne ; si, en allant chercher leurs aspirations, ils ne s’adressaient pas à un milieu inférieur à celui dans lequel ils agissent ?
Ce n’est pas à l’Allemagne qu’est dû ce grand mouvement intellectuel qui, en faisant la Révolution française, a proclamé un certain nombre de vérités sociales, à tout jamais, indiscutées en France, en dépit parfois de certaines apparences contraires, tandis que nous trouvons encore, dans les pays germaniques, une organisation de castes sociales, de privilèges accordés à la naissance — y compris celui de l’Empereur.
Depuis 1863, en trente ans, le parti socialiste allemand a élaboré cinq programmes, preuve que le dogme socialiste n’a pas reçu sa forme définitive dès le premier jour : et s’il a déjà été modifié, n’est-il pas encore susceptible de transformations ? D’où vient donc la superbe de ceux qui veulent l’imposer, du jour au lendemain, à tous, la force aidant ?
Au congrès de Gotha, tenu en 1875, les associations fondées l’une par Lassalle, l’autre par Bebel et Liebnecht, arrêtèrent un programme divisé en trois parties : une déclaration de principes collectivistes ; un programme d’organisation politique ; des réclamations pour la protection immédiate du travail.
Voici le texte de la première partie[1] :
I. Le travail est la source de toute richesse et de toute civilisation, et comme un travail profitable à tous n’est
- ↑ Voir Bourdeau. Le socialisme allemand, p. 122.