Page:Guyot - La Tyrannie Socialiste.djvu/65

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cisément parce que la loi de l’offre et de la demande existe.

— Cette loi ! cependant tous les socialistes en parlent.

— Eh ! ce ne sont même pas les socialistes qui l’ont inventée. Lassalle a pris cette idée à Turgot et à Ricardo, en lui donnant, pour les besoins de sa polémique, un sens absolu.

Turgot[1] commence par reconnaître que le travail est soumis à la loi de l’offre et de la demande : « Le simple ouvrier, qui n’a que ses bras et son industrie, n’a rien qu’autant qu’il parvient à vendre aux autres sa peine. Il la vend plus ou moins cher : mais ce prix plus ou moins haut ne dépend pas de lui seul. »

Turgot énonce là une vérité incontestable : car jamais le prix d’un objet ou d’un service ne dépend d’une seule personne : le prix est un rapport entre deux convenances, entre deux besoins, celui de vendre et celui d’acheter : un individu ne se vend pas à soi-même une marchandise pas plus qu’il ne peut acheter son propre travail.

Turgot continue en disant : « Ce prix résulte de l’accord qu’il fait avec celui qui paye son travail. Celui-ci paye le moins qu’il peut. »

Les socialistes auront beau récriminer : ce sont là encore des vérités que les constatations ne feront que rendre plus solides, comme les coups de marteau donnent plus de cohésion et plus de solidité à l’acier.

  1. Sur la formation et la distribution des richesses, § VI.