Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/118

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dans la foule, certains individus s’arrogeaient le droit d’arrêter des fiacres et des omnibus et d’exiger des cochers qu’ils « saluassent le peuple » et criassent : « Vive la Russie ! »

Des cochers ayant résisté furent malmenés. L’un d’eux sur la place de l’Hôtel-de-Ville dut être porté dans une pharmacie. Le lundi 23 octobre, à onze heures du soir, sur la place de la République, un officier de paix fut blessé en voulant défendre un cocher d’omnibus, et les gardiens de la paix durent dégainer pour le dégager.

Dès le premier jour où ces faits s’étaient produits, le Siècle les avait dénoncés et avait rappelé un principe de droit que tout le monde semble oublier.

Si un monsieur vous abordait dans la rue et vous disait : « Saluez », fût-il l’homme le plus honorable du monde, vous l’enverriez promener et vous auriez raison. Devrez-vous obéir à une semblable injonction parce qu’elle sera faite par cinquante personnes ?

Qu’un individu interpelle un ouvrier qui se rend à son travail et lui dise :

— Je te défends de travailler !

L’interpellé lui répondra :

— De quel droit ? Je ne vous connais pas.

Si au lieu d’un individu, il en trouve dix, il en trouve cent, il en trouve mille, ces dix, ces cent, ces mille auront-ils davantage le droit de lui intimer l’ordre de ne pas travailler ?

Un homme loue son travail à un autre homme. Il a le droit de rompre son contrat, moyennant les dommages-intérêts prévus par les articles 1142 et 1780 du Code civil. C’est bien.