Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/134

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Non seulement M. Ranc et ceux qui, par sentimentalité irréfléchie, seraient disposés à le suivre, oublient les gens assommés, frappés, blessés, tenus sous le coup de la terreur par les meneurs de la grève, mais ils oublient le gendarme et le magistrat.

Le gouvernement dit aux gendarmes : « Empêchez de commettre des crimes et des délits, à vos risques et périls. Agissez avec douceur, mais énergie. Supportez les injures et même les coups avec placidité : et n’intervenez que pour empêcher les autres d’être malmenés, blessés ou tués. »

Puis, lorsque le gendarme a rempli, pendant un mois, des fonctions qui exigent à la fois, outre de la perspicacité, des vertus morales dignes de la canonisation, M. Ranc, qui se prétend un homme de gouvernement, arrive et réclame l’amnistie pour les individus qui se sont rendus coupables de crimes et de délits.

Est-ce pour que le gendarme voie les amnistiés lui rire au nez et les entendre lui dire : — « Ah ! ah ! mon bonhomme, ça n’était pas la peine de te gêner ! Tu vois que nous sommes les plus forts. Ça t’apprendra pour la prochaine fois. »

En présence de toute amnistie de ce genre, Pandore essaye de lier ses idées et n’y arrive pas. Il est bien obligé de reconnaître qu’au fond les grévistes ont raison de dire qu’ils sont les plus forts. Puisque le gouvernement est avec eux, pourquoi Pandore serait-il contre eux ?

Le procureur de la République a mis en mouvement la justice : il a eu le tort de croire que le Code pénal n’avait pas encore été abrogé complètement à l’égard des grévistes ; des magistrats l’ont appliqué. Ils ont