Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/147

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Le commanditaire est poltron, timide, a peur pour son capital, voudrait bien lui faire rapporter de gros bénéfices sans lui faire courir de gros risques ; mais il est embarqué dans le même bateau que le patron : et pourvu qu’il ait confiance dans son pilote, celui-ci peut s’entendre avec lui.

Quant à l’ouvrier, s’il est imbu de bonnes doctrines socialistes, il traite le patron de voleur et de criminel, quelquefois en fait justice directement, demande que tous les pouvoirs publics se mettent contre lui et le punissent de son imprudence d’avoir voulu servir d’intermédiaire entre lui et les consommateurs.

Il réclame un minimum de salaire, un maximum d’heures de travail : et si le patron lui répond : — « Ce n’est pas possible. Vos exigences me forceraient à fermer mon usine ou ma manufacture, je serais ruiné, mais en seriez-vous plus avancé, si j’étais obligé de vous congédier ? » il refuse de comprendre, il l’accuse de mauvaise volonté. Le patron aurait beau montrer aux chefs socialistes qu’il suffit d’un écart de 0 fr. 25 par jour répartis sur mille ouvriers par exemple, soit 250 fr. par jour, pour transformer une affaire prospère en une affaire désastreuse : ils refusent de comprendre. Ils croient que le patron peut fixer les salaires à son gré. Des docteurs socialistes l’affirment, les néo-unionistes anglais déclarent que « c’est aux salaires à fixer le prix de vente de la chose et non au prix de vente de fixer le taux des salaires. » Par conséquent, vous, patron, donnez-nous le prix que nous vous demandons. Si vous ne le donnez pas, c’est vous que nous rendons responsable.

— Et s’il y a du chômage ?