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Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/161

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Sous le second Empire, les privilèges du pouvoir furent donnés à ceux qui étaient dévoués à ce régime jusqu’à la complicité. Mais ce serait injuste de dire que tous ceux qui y ont collaboré n’ont travaillé que pour « la possession de l’assiette au beurre », et cependant elle était large et abondante.

Quand nous, républicains, nous combattions l'Empire, c’était au nom de la justice qu’il avait si brutalement violée à son origine ; c’était au nom de la liberté politique, qu’il avait méconnue pendant si longtemps et qu’il accordait ensuite de mauvaise grâce, comme avec l’arrière-pensée de la reprendre ; c’étaient enfin certaines illusions qui faisaient croire, même à ceux qui, comme moi, essayaient déjà d’introduire les procédés de la méthode scientifique dans la politique, que, sous la République, les haines des anciens partis devaient s’évanouir et que tous les citoyens pourraient collaborer plus intimement à développer l’application des principes de 89 dans le sens d’une plus large liberté et d’une plus grande égalité.

Mais les Républicains qui, pendant les dix-huit années de l’Empire, se sont tenus éloignés du pouvoir ; ceux qui ont risqué, contre le coup d’État, les rigueurs de la déportation ; ceux qui, par leur opposition, s’étaient exposés à devenir victimes de la loi de sûreté générale, étaient poussés par d’autres mobiles que la conquête de « l’assiette au beurre ». Baudin avait dit simplement à un de ceux qui croyaient que les députés républicains protestaient contre le 2 décembre pour défendre leur indemnité parlementaire : — « Vous allez voir comment on meurt pour 25 fr. ! »