Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/165

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satisfaits, le bonheur dépend de nos nerfs. Un lypémaniaque peut être riche ou roi. Louis de Bavière rêvait d’imiter Louis XIV, mais dans la solitude dont le grand roi n’a jamais joui une seconde.

Un individu de tempérament sanguin, ayant bon estomac, bon pied, bonnes dents, bon œil, et sans un sou, sera plus heureux qu’un millionnaire dyspepsique.

Tel piéton, trottinant sous la pluie et dans la boue, envie la voiture qui passe : tous les médecins des grands quartiers de Paris lui apprendront que c’est un instrument excellent pour conduire rapidement à la tombe, où la richesse est indifférente, son heureux possesseur à travers des troubles nerveux, des attaques d’apoplexie, la goutte, la gravelle et quelques autres maladies qui le soumettent à des tortures aussi cruelles et plus raffinées que celles imaginées par Dante.

Des hommes qui ont joué un rôle politique, même important, disent : — « Prenez garde ! le peuple se désaffectionne de la République. Elle n’a rien fait pour lui : voilà pourquoi il a cru à Boulanger et maintenant il croit au socialisme. »

Le peuple ! d’abord, il ne faut pas généraliser, car si Boulanger a eu la majorité à Paris, comme les socialistes, cette majorité ne représente pas l’universalité de la France.

Mais que s’imaginent-ils donc que la République puisse faire pour « le peuple » ? Elle lui a donné des libertés, dont beaucoup font mauvais usage ; elle a assuré l’instruction à quiconque veut en profiter ; elle a donné l’égalité à tous devant le service militaire.

Au point de vue fiscal, au point de vue de la légis-