Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/240

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utilisées pour l’action politique et la propagande socialiste, auxquelles est physiquement réfractaire l’ouvrier maintenu des douze et quinze heures dans des bagnes industriels…

Accorder des réformes, c’est nous jeter des armes, c’est nous rendre plus forts contre nos adversaires devenant chaque jour plus faibles à mesure que nous le sommes moins. L’appétit vient en mangeant. Plus on obtient plus on exige : aussi les réformes effectuées, au lieu d’enrayer le mouvement révolutionnaire, pousseraient à lutter, en même temps qu’elles fourniraient des hommes plus aptes à la lutte. Les socialistes seront donc heureux de toute réforme. Seulement ces réformes, conquêtes de détail, ne sauraient faire l’économie du combat final, parce que, quels que puissent être les amoindrissements successifs de ses privilèges par elle consentis sous la pression des événements, la bourgeoisie voudra toujours en garder quelque chose.

Qu’on le déplore ou non, la force est le seul moyen de procéder à la rénovation économique de la société.

Le parti ouvrier n’est encore que la minorité consciente du prolétariat, et, néanmoins, il fait appel à la force. Quel aveuglement ! s’écrie-t-on. En le critiquant sur ce point, on oublie que la plupart des révolutions sont l’œuvre de minorités dont la volonté tenace et courageuse a été secondée par l’apathie de majorités moins énergiques.

La première chose à faire est de déloger la bourgeoisie du gouvernement. Les révolutionnaires n’ont pas plus à choisir les armes qu’à décider du jour de la Révolution. Ils n’auront, à cet égard, qu’à se préoccuper d’une chose, de l’efficacité de leurs armes, sans s’inquiéter de leur nature. Il leur faudra, évidemment, afin de s’assurer les chances de victoire, n’être pas inférieurs à leurs adversaires et, par conséquent, utiliser toutes les ressources que