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dans les rapports publics, est esclave dans tous ses rapports privés »[1]. Les socialistes veulent nous ramener à Sparte et à son brouet noir.

La théorie du droit collectif est celui du despotisme. L’intérêt du prince ou des gouvernants est le seul critérium du juste et de l’injuste. Chaque individu est obligé d’obéir, sans être consulté sur ses goûts et ses aptitudes. L’homme n’est qu’un moyen dans la main du souverain.

Seulement, l’unité humaine est irréductible, même dans les civilisations les plus despotiques, là où un homme est tout et les autres rien.

Le pouvoir de l’autocrate est limité. Voltaire l’a constaté avec sa netteté habituelle : « Le roi de la Chine, le grand Mogol, le padisha de Turquie ne peut dire au dernier des hommes : Je te défends de digérer, d’aller à la garde-robe et de penser. »

Ce que les hommes appellent leurs droits, c’est la conscience de leur individualité. L’huître n’a jamais réclamé de n’être pas mangée par l’homme ; le bœuf protesterait contre l’abattoir, s’il comprenait. Le fellah égyptien n’a jamais songé à réclamer des droits[2].

La définition d’Holbach reste vraie : « Les droits de l’homme consistent dans le libre usage de ses volontés et de ses facultés. »

L’État est une abstraction, mais représentée par des individus susceptibles de toutes les passions, de tous

  1. Benjamin Constant, Cours de polit. constitutionnelle, t. II, p. 541.
  2. Georges Perrot, Histoire de l’Art, t. I, p. 25.