Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/257

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Le rôle de l’État est de respecter la liberté du débat et d’assurer la sécurité du contrat.

La loi ne doit intervenir que pour en assurer l’exécution.

Dans un régime de liberté, ainsi compris, la loi ne diminue pas notre puissance d’action ; elle l’augmente, en nous donnant la sécurité de l’action.

Le gouvernant n’a pas à dire à l’homme : « Travaille et je te récompenserai, » mais : « Travaille avec sécurité, et je te garantis les résultats de ton travail. »

Il est vrai que Cauer, l’éditeur même de Guillaume de Humboldt, dit : « Notre but n’est pas de mettre notre volonté à l’abri de la puissance de l’État, mais de la faire passer dans cette puissance. » C’est la théorie de Rousseau et de tous les autoritaires. C’est la théorie des socialistes. Ils veulent avoir le pouvoir pour y faire la politique d’oppression et de spoliation qu’ils proclament hautement.

Le but des vrais libéraux, quand ils sont au pouvoir, doit être, au contraire, de garantir la sécurité extérieure et intérieure de la nation ; de maintenir la garantie des droits acquis, de dégager les droits méconnus, d’assurer la justice pour tous, contre toute l’oppression et tout privilège, et d’administrer avec vigilance et scrupule les intérêts de la nation, sans jamais les sacrifier à des intérêts particuliers.

Qu’est-ce que la « souveraineté » dont parle l’article 1er du titre III de la constitution de 1791 ? « Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice ; » mais qu’est-ce que la nation à qui la constitution le reconnaît ?