Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

recommandable pour les affaires publiques, et que la seule manière de les gérer correctement, ce serait de les livrer à l’aventure. De quelque manière qu’on juge leur œuvre, on est forcé de reconnaître que des hommes comme Richelieu et Colbert, qui ont laissé leur empreinte si fortement marquée sur la France, étaient des hommes à système, et qu’est-ce que l’histoire politique ? sinon l’étude des divers systèmes qui ont dominé à diverses époques la direction de divers pays.

Un pilote prend des alignements, laisse de côté les zones dangereuses ; et une fois son parti arrêté, il s’y tient. Mais avant de le prendre, il a réfléchi : vaudrait-il mieux qu’il se laissât aller à tous les courants et, sous le coup de chacune de ses impressions successives, changeât de route ?

Tout homme qui ne se dirige pas d’après un système, c’est-à-dire un ensemble de conceptions liées entre elles et se prêtant un appui mutuel, est un imprévoyant qui doit être disqualifié. Il n’y a qu’une question : savoir si telles ou telles conceptions ont une base objective ou si elles ne sont que subjectives ; si elles sont réellement liées les unes aux autres ou en contradiction les unes avec les autres. La nécessité du système ne fait pas de doute ; ce qui importe, c’est la qualité du système.