Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/73

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tions sociales, établir la paix sociale, le seul moyen n’est-il pas de reconstituer les corporations de l’ancien régime, avec leurs « bons maîtres », leurs « compagnons et leurs apprentis », qui « faisaient partie de la famille ? » Voilà le langage que tiennent les socialistes chrétiens, et les socialistes révolutionnaires ne sont pas loin de s’entendre avec eux.

Il est donc nécessaire de tracer un rapide tableau de cette organisation de l’industrie et du commerce avant la Révolution française.

Le commerce et l’industrie de Paris appartenaient à six corporations : les drapiers, les épiciers, les merciers, les pelletiers, les bonnetiers, les orfèvres. Ils avaient le droit exclusif de recevoir les princes et de porter le dais sur leur tête. Jamais, malgré leur puissance, les bouchers ni les boulangers ne furent admis à le partager. Ce ne fut qu’en 1585, après une longue lutte, que les marchands de vins purent obtenir ce privilège.

Nul ne peut donc s’établir boucher à Paris sans l’agrément de la corporation des bouchers ; et elle ne le donne jamais. Quand la famille d’un boucher de la grande boucherie de Paris s’éteint, son étal fait retour à la communauté. Entre les mains de dix-neuf familles en 1260, elle n’est plus la propriété que de quatre familles en 1529 qui, au commencement du XVIIe siècle, avaient encore la prétention d’être propriétaires de tous les étaux de Paris et d’avoir seules le droit d’en disposer.

Quand le duc Geoffroy accorde « à tous les cordonniers et savetiers de Rouen la ghilde de leur