corporations est — je ne dis pas possible — mais a quelque raison d’être souhaitable.
Les maîtres formaient une caste à part. Ils étaient les véritables possesseurs de la corporation : pour eux, pour leur famille, tout était faveur ; toutes les difficultés qui se dressaient devant l’étranger, étaient aplanies pour leurs fils.
L’apprenti qui n’était point fils de maître, devait, pendant de longues années, non seulement travailler pour le maître, sans salaire, mais payer lui-même. Il devait encore payer vingt sous d’argent chez les boîtiers, quarante sous chez les faiseurs de boucliers de fer. L’année était évaluée en moyenne à vingt sous d’argent. Celui qui ne pouvait payer en argent devait s’acquitter en sacrifiant un nombre d’années égal au nombre de sous d’argent stipulés.
C’étaient les maîtres qui avaient fait les règlements et ils avaient poussé cette exploitation de l’apprenti aussi loin que possible. L’apprentissage durait quatre ans chez les cordiers, six ans chez les batteurs d’archal, sept ans chez les boîtiers, huit ans chez les fabricants de boucliers de fer, neuf ans chez les baudoyeurs, dix ans chez les cristalliers, douze ans chez les patenôtriers.
Et c’était là un minimum. Le règlement permettait d’augmenter la charge, jamais de la diminuer. « Plus argent et plus service peut le maître prendre, si faire se peut. »
Les maîtres ne manquaient point de déclarer que ces conditions étaient indispensables et qu’on ne pouvait bien faire un chapelet qu’au bout de douze ans, en payant quarante sous d’argent par an. En réalité il