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permit aux fabricants de revenir à l’ancienne largeur. Pendant vingt-neuf ans, cette industrie avait donc été condamnée à perdre ses débouchés au dehors.

Le 20 novembre 1743, un arrêt règle les largeurs des draps de Sedan ; le 12 janvier 1744, un autre prescrit de nouvelles largeurs.

Aujourd’hui le fabricant tissait une étoffe que le lendemain un règlement lui défendait de vendre.

Au XVIIe siècle, des fabricants de Nantes et de Rennes voulurent établir des manufactures d’étoffes de laine, fil et coton ; ils avaient fait de nombreuses préparations qui leur garantissaient une bonne et solide couleur ; mais à peine leur établissement était-il fondé, que la compagnie des sergiers leur contesta le droit de fabriquer l’étoffe et la corporation des teinturiers le droit de la teindre. L’arrêt, rendu en 1660, leur donnait raison, vu que ce genre de fabrication n’était pas compris dans les règlements antérieurs ; mais ils avaient épuisé leurs ressources et durent abandonner leur entreprise.

Les chefs des toiliers, des merciers, des fabricants de soie, de Tours et de Rouen, parvinrent à arrêter complètement l’industrie de toiles peintes en criant bien haut qu’elle ruinerait le royaume et réduirait à la mendicité la population ouvrière ; que tout était perdu si l’administration ne s’opposait à l’établissement de la nouvelle industrie.

Quand Argant eut inventé les lampes à double courant, ferblantiers, serruriers, taillandiers, maréchaux grossiers, poussèrent d’immenses clameurs et soutinrent que les statuts avaient réservé aux membres de leurs corporations le droit exclusif de fabriquer des lampes.