Page:Guyou, Mottez - Théorie du navire, suivi de Traité des évolutions et allures, 1887.djvu/404

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ardent, nous allons voir qu’il perd l’abri de son remous ; il est trop ardent, c’est-à-dire que le navire lofe quand il est étale. Appelons cap initial celui auquel le bâtiment reçoit des voiles une poussée en avant égale à la poussée en arrière du vent sur le gréement, la mâture et la coque ; supposons le bâtiment au cap initiai sans vitesse ; il lofera. Peu après, les forces à culer l’emporteront sur les autres, le bâtiment culera. A cause de la dérive et de la marche en arrière, il abattra, mais sa vitesse en arrière croîtra jusqu’au moment où il repassera par le cap initial. Il passera donc par ce cap ayant une grande vitesse d’abatée qui ne sera amortie que quand le bâtiment sera beaucoup plus arrivé que le cap initial. Alors il repartira en avant, mais comme les couples dus aux résistances de carène sont moins énergiques pour faire lofer que pour faire arriver, le bâtiment parcourra une courbe plus tendue ; il restera plus longtemps sous l’influence des forces qui poussent en avant. Dans cette position, on le verra prendre de l’erre, laisser loin derrière lui son remous protecteur, et quand il repassera de nouveau par le cap initial, il n’aura plus d’abri de la part du remous, il sera animé d’une grande vitesse et courra à la rencontre des lames. Cette situation est des plus périlleuses, aussi doit-on l’éviter, et fort heureusement c’est la chose du monde la plus facile ; il suffit de rendre le navire moins ardent.

Les formes de nos bâtiments et surtout le placement des mâts ne sont plus soumis à aucune règle ; il en résulte que l’expérience que nous acquérons sur un bâtiment ne peut plus nous servir sur un autre. Mais heureusement, pour trouver la meilleure cape, tout se réduit à deux règles simples s’il en fut. Le bâtiment trop ardent embarde, le bâtiment trop mou marche ; du premier coup d’œil on voit si le bâtiment embarde. S’il n’embarde pas, on n’a qu’à voir où reste le remous pour être fixé sur le bon balancement des voiles ; si le remous reste trop de l’arrière pour protéger le bâtiment, la cape est trop molle ; elle est au contraire très bonne si le remous reste par le travers ou un peu sur l’arrière du