Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/104

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Les invités arrivaient tous. D’abord les La Balue, imperturbables, ridicules à crier, chacun dans son genre, mais si heureux, si pleinement admiratifs et satisfaits de leurs personnes, qu’on eût regretté vraiment de les détromper.

Puis Hubert de Bernès, qui vint comme Bijou le prévoyait, en tenue, promenant autour du salon un regard plongeant, inquiet de rencontrer ce qu’il avait coutume d’appeler : « une bobine de grosse légume »…

Les Juzencourt entrèrent les derniers, amenant madame de Nézel, une très jolie femme, délicieusement habillée, toute fine et souple, d’une souplesse de créole, avec un teint de jasmin et des cheveux soyeux et lourds, d’un noir intense.

Bijou, qui la regardait curieusement, comme si elle ne l’eût jamais vue auparavant, dit à M. de Clagny :

— Elle est vraiment bien jolie, madame de Nézel !…

Il répondit, distrait, dévorant des yeux Bijou :

— Elle a surtout de la race… et puis, c’est une vraie femme… qui doit vibrer à souhait…

La jeune fille demanda, clignant de l’œil et contractant un peu ses sourcils, comme si elle faisait un effort pour comprendre :

— Qui doit quoi faire ?…

— Rien !… — dit le comte, ennuyé, — je ne sais plus du tout ce que je disais !…

— Bijou !… — appela tout à coup la marquise, madame de Juzencourt demande à voir les en-