Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/231

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nous ferons bien de nous mettre en route si nous ne voulons pas manquer le lancer ?...

— Oui, — fit M. de Rueille qui se remit en marche, — mais nous avons bien le temps !... Bemès est derrière moi...

Dès qu’ils se furent éloignés. Bijou rentra dans le sentier. Son teint avait un extraordinaire éclat, et ses yeux luisaient de l’intense flamme bleue qui parfois rendait gênant son regard habituellement si doux.

Hubert de Bemès était resté, après le départ de M. de Rueille, à causer encore un instant avec Lisette Renaud.

— Alors, c’est convenu ?... — demanda la petite chanteuse, — malgré ton dîner, tu viendras de boiuie heure au théâtre ?...

— Oui...

— Tu resteras dans ma loge, probablement ?...

— Non... il faut que j’aille dans la salle...

— Tiens !... toi qui as la Vivandière en horreur... et je comprends ça, d’ailleurs... tu vas encore la revoir une fois ?...

Quand Bijou avait invité Bernés à venir dans la loge de sa grand’mère, il avait refusé, sachant bien que Lisette aurait beaucoup de chagrin de l’y voir. Mademoiselle de Courtaix était très connue à Pontsur-Loire, et très admirée des femmes du monde ou du demi-monde qui copiaient ses toilettes et enviaient son charme, auquel, disait-on, personne ne résistait. Depuis quelques jours, le petit lieu-