Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/256

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gare, madame de Nézel qui entrait dans la venelle des Lilas. Et, dans ce cas, avait-elle voulu s’assurer de ce qu’elle soupçonnait ? était-elle donc retorse et curieuse, cette Denyse qu’il aimait tant, et qui venait de démolir, sans le savoir, toute sa vie ?…

Il s’excusa de son retard et fit monter en voiture Bijou qui lui affirmait gentiment qu’il arrivait à l’heure. Au moment même où il cherchait un moyen de la questionner, elle dit :

— Tu sais !… vous aurez vos gardénias pour demain !… mais ç’a été difficile, va !… j’ai couru pour eux tout Pont-sur -Loire une partie de la journée… on m’a envoyée dans des petites rues impossibles… où je me suis perdue… et où je n’ai rien trouvé…

Heureux de voir éclater l’innocence de Bijou, Jean s’écria malgré lui :

— Ah !… c’est donc pour ça que tu es allé traîner dans la venelle des Lilas ?… Elle posa sur lui ses grands yeux surpris et demanda :

— Comment sais-tu ça ?… tu m’as vue ?… Il répondit vivement :

— Pas moi !… un de mes amis…

— Qui donc ?… est-ce que je le connais, ton ami ?…

— Je ne pense pas !… c’est un ofi&cier du régiment de Bernés… Ah !… si tu savais !… la pauvre petite chanteuse que tu as entendue hier soir ?… Eh bien, elle s’est tuée !…