Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/271

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très chic !… moi, je joue arrière… vous verriez quels beaux plaquages !…

Comme Jeanne, sans répondre, suivait d’un œil inquiet son fiancé qui passait et repassait devant elle, heureux d’emporter Bijou dans ce tournoiement rapide et doux, il demanda :

— Je vous ennuie ?… voulez-vous que nous repartions ?…

— Non !… — dit-elle, la voix changée, — je me sens un peu mal à l’aise… j’ai trop chaud !… voulez-vous me conduire auprès de papa qui joue là-bas… je voudrais m’en aller !…

Tandis qu’ils allaient retrouver le paisible M. Dubuisson. Bijou arrêtait M. Spiegel à côté de l’orchestre et lui disait en riant :

— Mais vous êtes donc enragé !… il faut souffler un peu, pourtant !… d’ailleurs, voilà la valse qui finit !…

Elle regarda les quatre malheureux musiciens, piteux à voir, avec leurs habits graisseux, leurs chemises fripées et leurs fronts ruisselants, et tout à coup, s’écria :

— Ah !… monsieur Sylvestre !… bonsoir, monsieur Sylvestre !… Ah ! bien !… si je m’attendais à vous voir !…

Le pauvre garçon releva brusquement la tête et balbutia, en fixant sur Bijou ses yeux d’un bleu tendre, où se lisait une détresse infinie :

— Je ne m’attendais pas non plus à être vu, mademoiselle !…