Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/40

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— Mais dites ?… dites donc ?…

Il répondit, visiblement gêné, essayant de secouer l’étreinte de la solide petite main :

— Ce serait trop compliqué !…

Bijou rougit :

— Trop compliqué ?… voilà encore une de ces défaites que je déteste !… pourquoi ne pas vouloir expliquer votre pensée ?…

Il dit, avec une sorte d’effroi :

— Expliquer ma pensée ?… oh ! non !…

— Non ?… c’est pas gentil !…

Ils restèrent un instant sans parler. Elle, souriante et tranquille ; lui, sérieux et troublé. Au moment où la voiture entrait dans l’avenue. Bijou se tourna vers M. de Rueille, et le touchant, très doucement cette fois, de sa main fine, elle lui dit d’une voix pénétrante, qui acheva de le remplir d’émoi :

— Puisque ça vous déplaît si fort, je ne mettrai pas ce costume !… nous en ferons dessiner un autre à Jean…

Il saisit la main qui s’appuyait à son bras et la serra contre ses lèvres avec une tendresse presque brutale.

Bijou ne parut pas remarquer cet emportement. Elle dit seulement, en retirant sa main, tandis qu’à travers ses cils glissait une étrange lueur :

— Prenez garde à la grille !… vous savez que le tournant est raide… vous n’êtes pas en veine aujourd’hui !…

Puis elle se mit à rassembler avec calme tous ses