Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/56

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— Moi ?… — fit Bracieux saisi, — moi, jouer madame de Staël ?…

— Elle était plutôt hommasse !… ça ira très bien !…

— Mais !… bon sang !… je ne veux pas me montrer aux gens que je connais avec une robe décolletée, un turban, et un gros ventre !… ce serait hideux !…

— Pas du tout !… Ah ! voyons !… tu ne vas pas te faire prier, je pense ?…

— Et faire tout rater par ta mauvaise volonté !… — ajouta Pierrot d’un air digne.

Henry se retourna vers lui :

— Ma mauvaise volonté ?… on voit bien que tu n’es pas à ma place !… mais, au fait… tu pourrais bien y être, à ma place ?…

Comme Pierrot faisait un petit geste d’effroi, il continua :

— Pourquoi donc n’y serais-tu pas ?… tu as encore moins de moustaches que moi !…

— Oui… mais je suis trop gringalet, — déclara sournoisement Pierrot. — Madame de Staël, c’était une femme plutôt puissante…

— Gringalet ?… toi, l’athlète ?…

Jean de Blaye frappa le parquet avec une queue de billard, pour réclamer le silence :

— Nous chercherons qui jouera madame de Staël quand nous aurons d’abord trouvé ce qu’elle a à dire… Donc elle entre… tu n’écris pas, Paul ?…

— Qu’est-ce que tu veux que j’écrive ?…