Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/72

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— Eh bien, je parierais qu’il ne se souvient même pas de son nom…

Et M. de Jonzac appela :

— Pierrot !…

Le petit, absorbé par sa conversation avec Bijou, ne se doutait pas qu’il fût question de lui. En s’entendant appeler, il tourna la tête, vaguement inquiet.

— Pierrot… — demanda M. de Jonzac, — qu’est-ce que c’est que Renan ?…

— Allons ! bon ! — dit Pierrot à Bijou — v’là les interrogatoires qui recommencent !… Renan ?… qu’est-ce que ça peut bien être que celui-là ?…

Et, comme son père répétait : « Tu ne sais pas ce que c’est que Renan ?… » il répondit :

— Non, papa !…

— Comment ?… — demanda Giraud surpris, — mais ces jours-ci encore, nous avons parlé de lui…

— De lui ?… — fit Pierrot abasourdi ; — moi, j’ai parlé de cet homme-là ?…

— Mais oui… voyons ?… rappelez vos souvenirs… je vous ai cité un de ses ouvrages ?…

Bijou, qui, tout à l’heure n’écoutait que d’une oreille ce que lui racontait Pierrot, et suivait de l’autre la conversation, se souvint et, le nez dans son assiette, absorbée en apparence par les fraises qu’elle roulait dans du sucre, elle lui souffla, bas, très bas :

— « L’Origine du langage »…

— Voyons, cherchez bien ?… — répétait le pro-