Page:Hébert, Jacques-René - Le Père Duchesne (n°331).pdf/8

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une autrichienne ? Que deviendroient donc nos jeunes filles qui sont si délaissés depuis la guerre, si le peu de républicains qui peuvent les contenter, im toient un pareil exemple ? Un législateur épouser une esclave, et l'esclave d'un des tyrans qui nous font la guerre, quand il y a tant de filles libres qui sèchent sur pied à force d'attendre ! Lorsqu'ensuite ce même Chabot coup-sur-coup, après le conte bleu de son mariage de deux cent mille livres, a le front de faire une complainte au beau milieu de la convention sur ce qu'il n'existe plus de plaine ni de marais, et de faire signe de loin à tous les crapauds, en leur disant qui m'aime, me suite, pour les engager à y venir barbotter avec lui, ai-je eu tort de lui chanter sa gamme ? Après tout ce tripotage, j'apprends que mon frocard est à l'ombre pour avoir reçu quelques centaines de mille livres des brigands couronnés. Je jure, je tempête. Ses amis me répondent que c'est lui-même qui a déposé cette somme au comité de sûreté générale, en le découvrant au grand complot qu'il connoissoit depuis plus de six mois. Je réponds pourquoi il n'a pas plutôt dénoncé ce complot, pourquoi il ne l'a fait que le lendemain qu'il avoit été dénoncé lui-même aux Jacobins ? On me répondra que tout cela s'éclaircira avec le tems.

Je le désire, foutre ; mais il n'est pas un bon républicain qui voye clair dans cette bouteille à l'encre, et qui n'ait dit et pensé tout ce que j'ai écrit sur ce chapitre. Eh bien, tonnère de dieu, on m'en a fait un crime.