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PUGILISTE

les jambes molles, une main cassée et l’autre sans force, à moitié conscient seulement, entendit qu’on parlait de défaite, et s’étonna.

« Me battre ?… Bien sûr que non ! » balbutia-t-il — et il s’efforça de sourire.

Le douzième round fut ce qu’on est convenu d’appeler une « boucherie » et ce à quoi certains arbitres au cœur sensible mettent fin sommairement en arrêtant le combat. Battling Malone n’était plus qu’une loque, une sorte de spectre qu’on eût dit sans conscience et sans poids, qui restait parfois debout et résistait un peu aux attaques grâce uniquement à son sens inné de l’équilibre. Il alla pourtant à terre cinq fois ; les coups du nègre le pliaient en deux et le jetaient sur les planches, mais sa charpente était si résistante et sa vitalité telle qu’il se relevait chaque fois.

Dans la salle, des spectatrices aux nerfs tordus, prêtes à pleurer, murmuraient : « Quel courage ! » Mais Pat Malone ne songeait pas que ce qu’il faisait méritât